Alors que l'énorme lame de fer se rapproche, tout semble se figer. Les entrechoquements des armes contre les armures qui lui emplissaient les oreilles semblent se perdre au loin.
A cet instant précis, alors qu'il perd foi en son salut, tous ses souvenirs affluent.

Il se revoit, jeune adolescent, pendant l'exode. Quelques villages de paysans autour d'Andorhal avaient eu le temps d'organiser des départs avant que le fléau ne ravage toute la région. Comme tous les jeunes, il était impétueux et impatient d'en découdre, et les ainés avaient du mal a contenir cette fougue.
Il fallut de longues journées de marche forcée pour enfin atteindre les contreforts de Dun Morogh, annonçant la proximité d'Ironforge, dernière forteresse sure du nord, alors qu'Arathi finissait de s'effondrer face au Fléau. Quand enfin les réfugiés atteignirent la cité, la fougue des jeunes repris le dessus. Tous se dirigeaient maintenant vers la Garde Militaire, afin de s'enrôler, de s'entrainer.
"Que la lumière te protège, Ivain", dit sa mère en ultime adieu.
Sans se retourner, il répondit :
"La lumière ne peut rien contre ces horreurs, seule la force des armes les arrêtera !"
Il marchait d'un pas décidé dans la cité naine lorsqu'une voix le fit s'arrêter.
"Voilà qui est bien présomptueux".
Le jeune homme s'arrêta et se tourna vers cette voix. Un nain, visiblement âgé, lui faisait maintenant face. Il était vêtu d'une robe d'une soie d'excellente facture, les coutures semblaient parfaites, et le tout semblait presque surnaturel aux yeux du jeune homme. Et contre toute attente, le regard qui soutenait le sien, bien que dénué de toute agressivité, faisait preuve d'une fermeté qui semblait être nées au cœur de nombreux combats. Et ce regard suffit a capturer toute son attention. "La lumière est bien plus qu'une idée, jeune homme ! Elle est aussi un bouclier, une arme, une force, un soutien. Même avec toute ta force, tu ne saurais me toucher, parce que la lumière me protège."
Et, alors qu'il terminait ces paroles, un halo lumineux enveloppa le nain.

Cette rencontre avait bouleversé le cours de sa vie, en lui faisant emprunter un tout autre chemin que celui de ses anciens compagnons de route. Ce nain, Dimuenor, était effectivement un vétéran, qui avait connu de nombreuses batailles, se servant de la lumière pour combattre et protéger, car il était prêtre de bataille. Il lui avait montré la puissance ce cette magie divine, et ses subtilités. Mais même l'ascendant que le prêtre avait sur lui n'avait su taire sa volonté de combattre. Rien n'avait pu l'écarter de la voix des armes. Peut-être que le nain le savait, l'avait prévu. Quoi qu'il en soit, alors qu'Ivain oscillait entre les entrainements militaires et les tentatives d'utilisation de la magie, Dimuenor l'emmena dans un autre lieu, pratiquer un autre enseignement, mêlant combat et magie. Dès qu'il y entra, il sût qu'il avait trouvé sa place. Il allait servir la justice et la lumière, combattre le fléau, il serait paladin.

Les années défilèrent. L'entrainement fut long, et chaque paladin doit trouver sa propre voie. Certains se dévouent au soutien des autres, d'autres portent les armes pour ravager les rangs ennemis. Ivain choisi quand à lui un chemin inusité. Il travailla donc seul, passant des nuits à s'exercer à utiliser cette précieuse lumière, dévouant toute son âme et son énergie au service de cette justice, de cet idéal, pour pouvoir être digne de les servir un jour.

Puis vinrent les combats. Ceux qu'il avait appellé pendant sa jeunesse. Pas contre le fléau, mais contre un autre mal : la Légion. Son teint avait changé : il était maintenant basané, et ses cheveux s'étaient définitivement blanchis, brulés de tant d'heures d'entrainnement et de sorts de lumière. Il avait combattu a travers l'outreterre vaincu de nombreux ennemis, et toujours d'autres restaient à rencontrer.

Enfin, il revit le chemin qui l'avait ammené jusqu'ici, les couloirs, les escaliers, les fantomes.
Pas maintenant. Il ne peut abandonner maintenant.
La lumière l'a protégé jusqu'ici, il doit s'en montrer digne.

Son corp est endolori, ses muscles fatigués.
Il a déjà un genoux par terre, sous le poid de sa propre armure.

Au dessus du combat, de lourds nuages couvrent le ciel.
Mais un rayon de lumière perce l'épaisse couche de nuages. Un minuscule point scintillant dans l'obscurité, faible, certes, mais distinct.
De cette vision, il trouve la force de lever son bras, encore une foi.

L'impact est assourdissant, et une gerbe d'étincelles vole. L'énorme hache de Maelchazaar grince horriblement en glissant sur le bouclier, et déjà sa deuxième arme s'apprête a s'abbattre.

Dans le ciel, la lueur semble percer un peu plus l'obscurité.

Dans un élan de rage, il se relève enfin. Son corp, ainsi que le sol autour de lui se met à luire, comme s'il s'embrasait de flammes de lumière. Son bouclier s'éclaire, et déjà il se déplace pour laisser le deuxième coup frapper le sol de pierre. Voyant l'espoir renaître dans les yeux de ses compagnons, il envoie une salve de lumière dans le torse de Maelchazaar, en criant :
"Il y aura toujours de la lumière sur votre route, même dans les ténèbres les plus obscures ! Et toujours la lumière vaincra !"